En Hongrie les équipes de football ont toujours formé, depuis leur fondation à la fin du XIXe siècle, un champ de compétition et de concurrence autant sportives qu”idéologiques, socio-culturelles et politiques. L”article suit les transformations de ce champ, centrées sur la rivalité entre deux équipes de pointe de Budapest – le MTK, défini comme « formation juive », et le Fradi, define comme équipe « prolo » ou « populaire » – à travers trois périodes : l”ancien régime, le stalinisme et le kadarisme. Les données sur les stratégies sportives des équipes, sur leurs chances de réussite historiquement très variables, sur la composition socioprofessionnelle de leurs publics, sur les références idéologiques et les attaches territoriales qui les marquent ainsi que sur les manipulations politiques dont les équipes ont fait l”objet autorisent l”analyse des mouvements de masse souvent oppositionnels et/ou antisémites dont les stades hongrois n”ont cessé d”être le théâtre.