Le football est marqué par la géographie. Comme tout sport, il est la délimitation d’un espace de jeu normé, standardisé (Gay, 1997). Ce rapport entretenu avec l’espace situe nécessairement telle ou telle activité physique dans une logique culturelle spécifique, entre sport et jeu, entre système sportif et système ludo-sportif (Darbon, 2014), entre le football et d’autres jeux « balle au pied ». De par la simplicité de ses règles, y compris donc celles de son cadre d’expression, le football donne en effet l’impression de pouvoir se jouer « dans une rue, une cour, sur une place, un terrain vague, un champ, une plage où l’on a sommairement aménagé des buts » (Bromberger, 1998, p. 25). Cette propension à voir du « football » partout ne doit pas aveugler ses contemplateurs, et occulter toutes les subtilités que le ballon rond éclipse parfois. Pour autant, c’est en toute logique que les géographes ont volontiers posé leur premier regard sur le football dans ce qu’il a de plus manifeste, et ce au détriment des autres sports ou activités physiques joué(e)s « balle au pied ». En 1956, Robert Specklin ouvrait ainsi la voie en s’interrogeant dans un court article sur la provenance des clubs évoluant en première division du Championnat de France de football (Specklin, 1956), avant que Loïc Ravenel ne reprenne à son compte plus largement cette question quarante plus tard au travers de sa thèse sur le football professionnel (Ravenel, 1997).