Retenir l’humour comme modalité de participation au spectacle footballistique peut paraître incongru. A priori, le match de football n’est pas une histoire drôle. La chose semble entendue si l’on prend pour terrain d’enquête les collectifs de supporters radicaux. Pourtant, la capacité à faire rire occupe une place importante parmi les qualités valorisées au sein de ces groupes et les lieux de la présence supportériste sont autant de territoires de circulation de la parole humoristique. En apparence anecdotique, la question du rire se révèle heuristique si l’on considère que la dimension combative de l’engagement supportériste, d’une part, et la dimension festive et facétieuse, d’autre part, forment les deux faces d’une même pièce. Ainsi, l’humour forme une voie d’entrée pertinente pour saisir les motifs de l’action et notamment le passage à l’acte violent, vu comme le résultat de l’intégration au collectif et de la fixation d’une frontière entre l’intérieur et l’extérieur du groupe.
Mot-clé : supporters, humour, sociabilité, estime, groupe